Arrivés au moulin vers 9h, Camille nous indique gentiment le chemin de la parcelle où le groupe de Luc est déjà en cours de désherbage. Martine, la compagne de Luc nous accueille également.
Equipés de gants nous nous attelons à la tache, entourés de « wwoofers » de nationalités diverses, de l’Australien à l’Allemand, en passant par des Américains.
Alors que nous sommes occupés à désherber « le plus gros » du carré de petits pois et de fèves, afin que le groupe de Camille puissent plus facilement récolter après nous, un autre wwoofer équipés de 2 arrosoirs fait des aller-retour entre le carré de poireaux et l’Armançon toute proche. Au final c’est l’équivalent d’une dizaine de grosses brouettes remplies de mauvaises herbes qui sont évacuées du champ. Actuellement la terre est très sèche, craquelée, on a du mal à imaginer qu’elle était sous les eaux il y a quelques semaines…
Luc me fait part des difficultés qu’il rencontre au quotidien. L’été, ce sont des journées qui débutent à 6h et qui se terminent à 22h, 7j/7. Il prend juste une pause pour petit déjeuner et passer quelques coups de fil entre 8 et 9h. A cette saison, les nombreux wwoofers, qu’ils soient étudiants, salariés, saisonniers… (vient de l’acronyme WWOOF -World Wide Opportunities on Organic Farms- ou en français : aide internationale dans les fermes bio) travaillent avec lui le matin, en échange du gîte et du couvert. Cette aide se prolongent parfois l’après midi, mais sans obligation.
Toute l’année, 2 personnes à temps partiel, dont Camille, travaillent avec lui. Or il y a du travail pour 20, entre le désherbage, les plantations, la cueillette, la préparation des marchés locaux hebdomadaires et de Rungis de temps à autre, des distributions pour l’AMAPP… , bref, les week-ends n’existent pas.
Luc est également régulièrement « visité » par des organismes de type Syndicat de rivières, chambre d’agriculture bio, ou clients qui passent à l’improviste, ce qui ne facilite pas l’avancement du travail au jardin.
Si l’activité de désherbage est privilégiée, les plantations ne se font pas et, avec les grosses crues de l’Armançon au printemps, du retard a été pris. Si les plantations sont faites, la nature reprend ses droits, les mauvaises herbes pullulent et ce, au détriment de la croissance des légumes déjà plantés… C’est le dilemme auquel Luc doit faire face, faute de main d’œuvre. Il n’a en effet pas les moyens d’embaucher davantage. Depuis l’année dernière, il ne se dégage pas de salaire. C’est pourquoi le soutien de l’AMAPP lui est précieux et toute aide des AMAPPiens notamment, au jardin, y compris pour une demie journée, est importante.
Il me fait également part des difficultés liées aux aléas météo et techniques : la grosse crue de l’Armançon au mois de mai, qui a empêché tout accès au jardin pendant 3 semaines, donc tous entretien et plantation, les bâches installées (qui limitent la prolifération des mauvaises herbes) ont été partiellement emportées par l’eau… Le camion est également tombé en panne.
Après une pause, nous reprenons avec le groupe de Luc qui désherbe maintenant un carré de betteraves et endives, travail plus minutieux, au couteau cette fois ci pour extraire toute la racine de la mauvaise herbe. Nous nous arrêtons en cours de route, après le « lunch time » annoncé par l’une des cuisinières. Luc ne sait si cette parcelle pourra être terminée d’être désherbée et surtout quand… ll pare surtout au plus urgent, et en fonction de la météo du jour.
2 wwoofers sont désignés chaque jour pour aider Martine à préparer le repas pris en commun vers 14h. C’est dans une ambiance joyeuse et cosmopolite que la dizaine de wwoofers reprend des forces…
Après une pause « pieds dans l’Armançon » en ce qui nous concerne, nous avons aidé à préparer les légumes pour le marché de Montbard le lendemain : tri et découpe des légumes abîmés, pesée des carottes pour les mettre en bottes… Luc s’est tout de même accordé une petite sieste en vue du réveil aux aurores prévu le lendemain.
Nous quittons les lieux vers 17h, fourbus mais ravis d’avoir découvert ce fameux jardin de Braux et apporté notre modeste coup de main…
Nadège Jardeaux
Le kohlrabi est un chou-rave.